Savourons le classement du matin. Sam a superbement géré la Mer d’Irlande, à l’aller comme au retour. En tête de la course, elle compte actuellement 25 milles d’avance sur Isabelle Joschke à bord de Monin et 50 sur Yann Eliès… Elle montre surtout une belle vitesse à une allure où on l’on était en difficulté lors de la dernière Transat jacques Vabre : ce que l’on appelle le bon plein, c’est-à-dire à un angle entre le bateau et le vent d’environ 60-70 degrés.
Tout va bien donc… ou presque….
Car Sam avance avec le vent de Sud d’un front qui lui n’avance pas beaucoup. Ce qui signifie qu’elle va en sortir la première, alors que ses poursuivants seront encore dedans. Ils devraient donc se rapprocher inexorablement… d’après les routages, jusqu’à revenir au même niveau que Sam. Ci-dessous les routages comparés de Yann et de Sam et leur position au milieu de la Manche… Oui oui, Sam pourrait perdre ses 50 milles d’avance sur Yann en 150 milles de navigation pour un finish au couteau dont Isabelle Joschke ferait aussi partie.
Seule consolation, le courant ne devrait pas la bloquer prématurément au passage de la pointe Sud-Ouest de l’Angleterre. Avec la marée montante, il l’accompagnera pour son entrée en Manche… Mais ses poursuivants devraient aussi en bénéficier. Même chose à priori pour l’arrivée à la pointe Ouest du Cotentin, avec le fameux raz Blanchard où l’on enregistre les plus forts courants d’Europe. Sur les routes ci-dessus, la force et la direction du courant sont représentés par les petites flèches bleues. Les autres, c’est le vent.
A l’heure des choix tactiques
Deuxième petite consolation, avec ses concurrents plus proches d’elle (en espérant qu’ils restent un peu derrière quand même), Sam pourra plus facilement les contrôler, c’est-à-dire se placer entre eux et l’arrivée. Il y a une zone réglementée interdite pour les coureurs juste avant l’arrivée (le DST des Casquets). Selon le timing et le courant, il pourrait être intéressant de passer au Nord ou au Sud. Avec 50 milles d’avance, Sam serait obligée de choisir son camp sans pouvoir revenir en arrière une fois que Yann aurait à choisir. Mais s’il revient à quelques milles d’elle, elle pourra s’assurer de rester sur la même trajectoire.
La journée promet d’être frustrante, la nuit stressante…