En ce jour d’Armistice, le moment est particulièrement bien choisi pour vous parler de nos adversaires.
Analyse du trio de tête
Le trio de tête tout d’abord où les 3 bateaux partagent un point commun parmi les favoris : celui d’avoir couru le dernier Vendée Globe sur le bateau avec lequel ils participent à cette Transat Jacques Vabre. Saint-Michel Virbac était en effet skippé par jean-Pierre Dick, 4ème du dernier Vendée Globe.
Trois fois vainqueur de la Transat Jacques Vabre, deux fois de la Barcelona World Race, il est le grand spécialiste des courses en double et s’aligne cette année aux côtés de Yann Eliès, triple vainqueur de la solitaire du Figaro. Beaucoup en faisaient leurs favoris au départ, et pour l’instant ils dominent la course sur un bateau de génération 2016.
SMA ensuite, skippé par Paul Meilhat qui abandonna lors du Vendée Globe au milieu du Pacifique Sud sur ce même bateau. Épaulé par Gwenolé Gahinet, détenteur du record du Tour du Monde en équipage aux côtés de Francis Joyon, et avec qui il remporta la Transat en double AG2R en 2013, à bord du bateau vainqueur du Vendée Globe 2012 avec François Gabart. Ils ont remporté presque toutes les courses d’avant-saison sur ce bateau identique à notre Initiatives-Coeur, mais dépourvu de foils. Preuve que la polyvalence des dérives classiques peut dans certaines conditions être un atout.
Des Voiles et vous enfin. Aux mains de Morgan Lagravière, ce bateau de toute dernière génération, anciennement Safran, avait démontré tout son potentiel lors du Vendée Globe 2016, contraint à l’abandon alors qu’il était dans le trio de tête, suite à une collision avec un OFNI. Morgan est l’un des marins les plus talentueux de sa génération, et n’a pas d’égal pour faire avancer vite un bateau. Il s’est adjoint les services d’Eric Péron, qui était le skipper remplaçant de Tanguy lors du dernier Vendée Globe, et a terminé troisième de la dernière Volvo Ocean Race à bord de Dongfeng.
Il n’est pas surprenant de voir ce trio aux avant-postes, combinant montures récentes et rapides, et expérience de leurs skippers sur ces mêmes bateaux.
Les poursuivants
On retrouve ensuite deux poursuivants avec un point commun : celui de découvrir des bateaux qui sont parmi les plus rapides du plateau. Bureau Vallée aux mains de Louis Burton et Servane Escoffier n’est autre que l’ex Banque Populaire vainqueur du dernier Vendée Globe. On n’attendait peut-être pas Louis et Servane à pareille fête, mais on savait la machine redoutable, et sur les grands bords de vitesse rencontrés depuis le début, ils font parler la poudre. Malizia est l’ancien Gitana de Sébastien Josse. Pour beaucoup (et pour moi), le bateau le plus rapide de la flotte. Boris Hernmann ne dispose pas d’une expérience énorme en IMOCA, mais il s’est associé à Thomas Ruyant, vainqueur de la Mini-Transat, de la Route du Rhum en Class40, participant malheureux mais remarqué du dernier Vendée Globe où son bateau s’était ouvert en deux au milieu de l’Océan Indien. Les retrouver à ce niveau n’est pas une surprise. Ce qui est amusant, c’est que c’est depuis le début de la course, notre concurrent le plus proche, ce qui était déjà le cas pour Thomas et Tanguy sur leurs anciens bateaux.
Les outsiders
Deux outsiders se mêlent à la lutte pour le top 5 : Generali tout d’abord skippé par Isabelle Joschke et Pierre Brasseur. Il s’agit de l’ancien Safran puis Groupe Queguigner. Isabelle s’illustre depuis longtemps sur les courses au large. Elle a été la seule femme à remporter une étape de la Mini-Transat en 2007 et du circuit Figaro en 2010. Associée à Pierre Brasseur, ils affichent néanmoins une expérience encore limitée en IMOCA et leur performance est une belle surprise. Bastide Otio ne souffre pas de ce manque d’expérience, puisque Kito de Pavant est sur le circuit IMOCA depuis 10 ans. Il a malheureusement abandonné trois fois le Vendée Globe, mais on sait depuis sa victoire dans la Solitaire du Figaro que c’est un redoutable compétiteur. On connaît bien son bateau qui n’est autre que le précédent Initiatives-Coeur. On le savait rapide et on avait plaisir à s mêler parfois à la lutte avec les meilleurs. Il est plus agréable de venir bousculer la hiérarchie sur un « vieux » bateau que d’essayer de s’en débarrasser sur un bateau plus récent… Même si leur classement ne tient pas compte d’une position très à l’Est pas impossible à déboucler, mais risquée… Si le Pot au Noir est très peu actif, ça peut passer et faire des étincelles…
Attention toutefois à la lecture des classements. Ceux-ci sont donnés en distance au but, sans tenir compte du placement météorologique des bateaux. Sam et Tanguy ont décidé il y a 4 jours, de privilégier un placement dans l’Ouest aux dépens de la route la plus courte. C’est un investissement dont les fruits ne sont attendus qu’après le passage des Îles du Cap Vert. Il doit permettre de passer sans encombre le dévent de celles-ci que l’on voit bien sur les cartes ci-dessous et de franchir le Pot au Noir plus à l’Ouest, donc en étant théoriquement moins ralenti. Bonne nouvelle, l’Onde d’Est qui leur barrait la route semble se décaler suffisamment vite vers l’Ouest pour que ce placement ne soit pas une impasse. Espérons donc que nous en verrons les bénéfices dans les prochaines 24 heures, ils y croient fort et nous aussi !
Quant au Pot au Noir, s’il semble aujourd’hui très peu actif, il est encore trop tôt pour savoir ce qu’il en sera dans 2 jours tant il est imprévisible.